Il y a des journées où je me dis que je dois absolument changer le monde. Mais aujourd'hui n'est pas une de ces journées. Je vais donc me contenter de chialer un peu. Pourquoi? Parce que j'en ai à la fois la possibilité et le goût, ce qui avouons-le, me place assez haut dans la hiérarchie des gars qui s'enlignent pour faire quelque chose, ne serait-ce que par ennui ou pour écœurer son prochain.
Le problème le plus important que j'ai par contre, c'est que je n'ai diantre aucune idée de ce sur quoi j'ai envie de chialer. C'est probablement parce que le gala Artis m'a rendu tellement heureux que je n'arrive plus à voir clair et à me dire qu'il y a un tas d'affaires dans l'univers qui ne tournent pas rond. Faut dire que j'ai pleuré toute la soirée à cause des émotions de tout ce monde que j'ai jamais vu de ma vie, qui n'a aucune influence directe sur ma vie, dont je n'ai rien à battre et que je ne rencontrerai jamais de ma vie. Ils m'ont tellement transporté d'émotions que je ne me souviens même plus d'avoir regardé le gala Artis, dans ma tête je jouais au XBOX hier soir. Ah ben sacre, je jouais au XBOX hier soir, j'ai juste été trop ému par la couverture complètement exagérée de ce foutu gala dans les médias à matin.
Mais sur quoi je peux chialer puisque le monde va si bien qu'on parle du gala Artis pendant 45 minutes le matin? J'imagine que dans l'univers public, tout baigne puisqu'on n'en parle pas, fait que je ne peux pas chialer là-dessus. C'est pas comme si le fait que P.K. Suban ait été rappelé d'Hamilton à matin pour aller jouer 5 minutes dans le 6e match contre les Capitals passait avant les allégations de corruption de la classe politique ou les demandes de commissions d'enquête ou le budget manchot de Bachand, c'est pas comme si nos bons médias se demandaient plus comment vendre de la pub que comment informer les gens sur les enjeux qui vont les toucher ainsi que leurs proches pour vraiment, vraiment, vraiment longtemps...
Alors je me retrouve comme un épais à vouloir chialer dans un monde où tout est beau, où je peux devenir millionnaire deux fois par semaine, où je peux devenir populaire et faire du jacuzzi, où quoi que je veuille faire, quelqu'un s'est occupé de le faire pour moi. Je n'ai plus qu'à m'asseoir, travailler quand j'ai le temps, consommer tout le temps.
Mais j'y pense, si ce que je veux faire c'est chialer, y a personne qui s'en occupe pour moi...
